Nosy Bé à Madagascar

Publié le par ty mor

Copie-de-ty-mor--250-.jpgAvant d'arriver à Madagascar, on avait lu beaucoup de mauvaises choses sur l'administration: obligation de payer des taxes fantaisistes, visas plus chers que prévu, difficultés administratives, beaucoup de vols... On nous avait expliqué que les douaniers, en arrivant, nous prenaient les papiers du bateau, et nous imposaient des taxes fantaisies pour nous les rendre. Je décide donc d'utiliser le photocopieur pour me fabriquer un faux carnet de francisation.    En arrivant, on a été surpris par la rapidité des formalités, et personne n'a essayé de nous faire payer plus que ce que l'on devait. Par contre, il est vrai qu'il faut tenir son moteur hors bord cadenassé, et faire garder l'annexe quand on est en ville. Dès que l'on va au mouillage dans les villages, ça ne craint rien le jour, mais pour la nuit, le moteur hors bord sous clé. Quand on les voit aller à la pêche, ou transporter des marchandises à la voile et à l'aviron dans leurs pirogues à balancier, on comprend que nos petits moteurs leur font envie. On voit encore des boutres chargés de plusieurs tonnes entrer le matin dans le port et accoster à la voile et en repartir le soir avec les brises thermiques: ce sont de sacrés marins.
On a fait le tour de Nosy Bé en taxi: trente euros la journée. Les taxis, ce sont des 4L Renault, en bon état. On est allé mouiller devant quelques villages de pêcheurs: ils nous dévalisent! Si on a le malheur de les inviter à bord, ils remplissent la pirogue, de choses qu'on leur donne, bien sûr, quand on a vu comment ils vivent, on a envie de leur donner tout ce que l'on a. Ils sont gentils, vous leur donnez du fil à pêche, ils vont vous chercher des citrons ou des noix de cocos. Une famille vit dans une case en palmes et en planches, parfois couverte en tôles. Ils possèdent quelques habits, deux ou trois gamelles, quelques matelas et une pirogue. Pas d'électricité, pas d'eau dans certains villages, mais ils ne sont pas vraiment malheureux, sauf s'ils sont malades, ils n'ont pas de quoi payer des médicaments. Hier, on regardait un petit garçon jouer avec une voiture: le corps de la voiture est une bouteille d'eau minérale vide, découpée, les roues sont des rondelles découpées dans une paire de tongs usagées. On est entrés dans une classe de cours élémentaire avec un petit carton d'habits que l'on voulait donner à la maîtresse. Les élèves ont tous une blouse bleue. Les tables, doubles, comme en France dans les années cinquante, mais en planches mal rabotées et mal jointes. Le tableau noir: un carré de mur peint en noir. Cinquante cinq élèves. Quand vous entrez, tout le monde se lève, et d'une seule voix: "bonjour madame, bonjour monsieur" et ils attendent l'ordre de s'asseoir. Comme on apporte quelque chose pour eux, des élèves viennent nous réciter des poèmes. La maîtresse gagne moins de cent cinquante euros par mois. Elle a un grand fils qui va à l'université privée, son salaire ne suffit pas pour payer les frais, elle brode des nappes qu'elle vend aux touristes. On ne se fait pas d'illusions, les petits vêtements que l'on donne pour ses élèves les plus pauvres, elle va les vendre. Aujourd'hui dimanche, pas d'école. On a donné des bonbons à des enfants de maternelle, dans un village: un adulte leur a dit:" récitez quelque chose pour remercier les Vasas » ( c'est les blancs, les Vasas). Alors, les petits, nous ont récité tous ensemble ce qu'ils doivent faire avant d'aller à l'école: se laver le visage, se peigner, se brosser les dents, se laver les mains, se laver les pieds... 
On a visité l'hôpital de Nosy Komba, île de 3500 habitants; un bâtiment de cinq ou six pièces et un médecin, seul, sans personnel médical. Une radio BLU qui lui permet de correspondre avec le grand hôpital voisin. Une chambre pour les malades avec cinq lits. Une salle d'accouchement, une pièce pour les médicaments, une pièce avec table de consultations, un bureau. Il est de garde 7 jours sur 7, jour et nuit, mais peut demander un remplaçant s'il a besoin. Pas de scope, pas de défibrillateur, pas de respirateur, pas d'oxygène, rien de ce que l'on a dans tous véhicules de secours en France. On lui donne quelques médicaments, lui aussi va les vendre pour améliorer son ordinaire. 
On naviguait, hier matin, le long de la côte sud est de Nosy Komba. On voit un village assez important, sans commerce à touristes, une belle plage au milieu des rochers: on s'approche et on mouille. On embarque aussitôt dans l'annexe, et la pirogue qui venait nous accueillir n'a pas le temps d'arriver. On se salue, je demande s'il est possible de manger au village à midi. Il retourne prévenir et nous attend sur la plage. Mille habitants, cinq classes, deux cents enfants. On visite le chantier de construction de pirogues. Pas d'électricité, que des outils à main. Le fond est creusé dans un tronc d'arbre. On s'arrête pour boire un verre de vin rouge à l'épicerie bar. Les gens vivent de pêche, cultivent un peu de manioc, une bananeraie, du poivre, élèvent quelques poulets et canards. Une petite rivière descend de la montagne, il y a des robinets d'eau disséminés dans le village. On cuisine dehors, sous un arbre, sur un petit foyer au charbon de bois. Dans les cases, on dort seulement. Le toit est en tôle, non isolée, il y fait trop chaud.
Une dame surnommée l'Égyptienne a cuisiné pour nous: du riz et du poisson avec une sauce au lait de coco et au poivre vert: un délice. On nous a installé une table sous un arbre au ras de la plage, devant la case. On a envoyé quelqu'un nous chercher du vin à l'épicerie. Pour le dessert, une orange que l'on nous a épluchée, et notre guide envoie un jeune nous cueillir une coco verte pour en boire l'eau. Un repas de roi! Mieux que sur les cartes postales. A la fin du repas, on demande pour payer. L'Égyptienne nous dit de donner ce que l'on veut. Je refuse, elle doit faire un prix. Palabres avec le guide, elle décide cinq euros les deux repas. Assez pour faire manger sa famille pendant une semaine, une » misère pour nous.ty mor (230)

Publié dans voyage

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